Bertrand SONGUEH-RAYMONDO

Agoué, une disparition certaine

@amevi9 Débris de maisons ravagées par la mer sur la plage d’Agoué

Agoué, cité historique et touristique, berceau de la chrétienneté au Bénin, est un tout petit arrondissement de la commune de Grand – Popo. Situé entre deux cours d’eau, cette belle ville côtière, à l’instar d’autres villes côtières du  Bénin, fait les frais des conséquences néfastes du changement climatique.

Agoué, brève présentation

Agoué, est située au sud-ouest du Bénin. Elle est limitée au nord par le fleuve Mono, au sud par l’océan atlantique. A l’est par la ville/commune de Grand-Popo et à l’ouest par l’arrondissement de Hillacondji. De par sa situation, Agoué est donc située entre deux cours d’eaux : l’océan atlantique et le fleuve Mono. Elle est traversée par la voie inter-état Cotonou – Lomé.

Le changement climatique : qu’est-ce que c’est ?

Le changement climatique en question est le réchauffement du climat de la planète. Ce réchauffement est causé par les émissions massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce gaz est émis à l’occasion du fonctionnement des grandes industries des pays dits développés. En fait les gaz à effet de serre empêchent la lumière/chaleur du soleil, réfléchie par les océans, de ressortir de la terre. Cette lumière/chaleur s’accumule et augmente donc la température de la terre. Le principal gaz à effet de serre est le CO2 issu principalement de la combustion des hydrocarbures (pétrole). Le réchauffement fait fondre les calottes polaires tout en élevant le niveau des eaux.

Les effets du changement climatique à Agoué

Au Bénin, cette montée du niveau des eaux se fait remarquer sur les côtes. Elle a pour  conséquence, l’avancée du niveau de la mer. Cette avancée entraîne ainsi la destruction massive des habitations en bordure de mer. Ces effets se font notamment sentir à XwlaCodji, Akpakpa Domé, Ouidah, Grand Popo et Agoué.

A Agoué, depuis trois ans, les riverains ont mis en place un dispositif de suivi de l’avancée de la mer. Suivant ce dispositif  il ressort que la mer a englouti plus de 100 mètres des côtes.

En effet, ils ont pris pour repère le mur de la grande cour extérieure de la paroisse catholique Sacré- cœur donnant sur les filaos centenaires, autrefois objet de tourisme. Les populations mesurent donc la distance entre ce mur et la mer. Ce relevé se fait avant et après chaque saison pluvieuse et aux périodes de crue et de décrue d’une part. D’autre part, l’avancée de la mer est évaluée en fonction des arbres filaos engloutis et des habitations. Autre fois situées à une distance raisonnable de la mer, elles se retrouvent soit au fond de la mer, soit complètement réduites en pièces.

Selon les relevées issues des récentes pluies du mois de Mai dernier, il ressort que la mer a rongé 72 centimètres des côtes. Il faudra attendre la fin de cette saison pluvieuse pour évaluer les dégâts réels. Mais toutefois, il convient de signaler que les vagues ne sont plus qu’à une trentaine de mètres de la clôture de la paroisse. Toute chose qui ne laisse pas indifférents les autochtones.

Pour les autochtones…

Certains indexent les travaux entrepris il y a quelques années par le Togo, notamment à Anéxô (Anécho) pour arrêter l’évolution du niveau de la mer. D’autres accusent le gouvernement qui semble ne se préoccuper que du sort des  coutônoutô (Cotonois). Pour les plus ancrés dans la tradition, c’est l’effet de la colère des ancêtres face à la croissance des vices.

Certains encore, se rappellent de cet atelier sur l’érosion côtière qui a été organisé par le Banque Mondiale à Cotonou en 2015. A l’issu dudit atelier qui a réuni les experts et populations concernées par le fléau, les travaux pour freiner l’avancée de la mer devraient démarrer en 2017. Atelier auquel a participé Agoué en envoyant un représentant et qui a suscité l’espoir.

 »Depuis 5 mois que 2017 a commencé, nous ne voyons même pas venir l’ombre de ces soi-disant travaux et on a peur » confie dame Nanvigan.

Le gouvernement interpellé

Quelques soient les raisons évoquées par les uns et les autres et les mis en cause, les faits sont là. Il urge donc que le gouvernement de la rupture, dans son souci de révéler le Bénin, s’attaque à cette situation. Le cas contraire, on court le risque de voir Agoué rayé de la carte du Bénin,  à jamais englouti dans la mer avec  toute son histoire, sa culture…

Quelques images des dégâts de l’avancée de la mer à Agoué

Crédit Photo @amevi9
@amevi9 Un filao centenaire tombé après une nuit de pluie
Crédit Photo @amevi9
Un filao centenaire tombé après une nuit de pluie
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Des troncs de filaos centenaires le long de la côte
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Quelques troncs de filaos centenaires le long de la côte
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Des habitations ravagées par la mer
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Des habitations ravagées par la mer
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Les pans de murs des habitations ravagées par la mer
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
L’un des quatre côtés des murs d’une des habitations ravagées par la mer
Les dégâts de l'avancée de la mer à Agoué
Un puits désormais exposé aux vagues parce que l’habitation dans laquelle elle était est détruite


Il est important de fêter Noël autrement

Joyeux Noël

« Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux et l’écho de nos campagnes redit ce chant mélodieux : Gloria in excelsis Deo ». 

C’est le 25 Décembre, le monde entier fête Noël. Bûches de Noël, cadeaux de tout genre, Papa Noël, dinde, rire, joie, orgie, beuverie, sorties, crèches lumineuses, messe, … meublent notre quotidien en cette période.

Mais que célébrons-nous à Noël ?

A Noël, nous commémorons la naissance de Jésus, le Christ, l’Emmanuel, Dieu fait homme, le Sauveur du monde. Les Saintes écritures révèlent  qu’il est né au temps du premier recensement sous le règne de Quirinius, gouverneur de la Syrie. Son père adoptif, Joseph étant monté à Bethléem, son village natal pour se conformer à la règle avec sa mère, Marie. Pendant ce temps, Marie est prise par les douleurs de l’enfantement. N’ayant plus de place pour eux dans la salle commune, elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire. Cette nouvelle fut portée à des bergers qui vivaient non loin par des anges. Ces derniers, s’empressèrent pour aller voir ce nouveau-né et lui apportèrent des présents : l’or, l’encens et la myrrhe.

Au-delà de l’aspect mirobolant de ce récit se cachent trois réalités un peu déconcertantes :

  • le manque de place dans la salle commune,
  • les conditions de naissance de l’enfant (dans une mangeoire),
  • la présence des bergers.

Pourquoi Noël autrement ?

Les trois réalités ressorties dans le récit de la nativité du Christ sont bien celles de nos temps. A Noël nous commérons la venue au monde d’un enfant dans un couple d’orient. En un mot, nous célébrons avec faste un foyer de migrants de l’orient en quête d’un abri. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, des milliers de migrants, de démunis et autres nécessiteux frappent à nos portes, fuyant la guerre, la faim, les catastrophes  naturelles, en quête d’un minimum de mieux être. Malheureusement, ils se heurtent à la pierre de nos cœurs, incapables de leur offrir gîte et couvert pour soulager un tant soit peu leur peine. Et pourtant, des bêtes nous donnent un exemple de l’hospitalité. elles qui ont partagé tout ce qu’elles avaient comme toit avec cet Enfant-Roi se débarrassant même de leur mangeoire ! Quel bel exemple d’humanisme !

Sachons, à l’image de ces bêtes dans la crèche, de ces bergers venus apporter des présents à l’enfant que nous célébrons à Noël, partager avec le pauvre à côté de nous le peu de notre pauvreté qui nous différencie de lui. Demandons à celui que nous fêtons d’ouvrir nos mains qui se ferment pour tout garder car le pauvre a faim devant nos maisons : qu’il nous apprenne à partager !

Joyeux Noël à tous, fêtons bien mais autrement !


Projet de Constitution en CI: Quelques pièges (2/2)

ADO présentant le projet de constitution à l'Assemblée Nationale
ADO présentant le projet de constitution à l’Assemblée Nationale © Politik Afrique.info

A l’heure des réformes constitutionnelles en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire semble avoir une longueur d’avance sur les autres Etats membres. Après présentation à l’Assemblée Nationale du projet de nouvelle Constitution, cette dernière l’a votée ouvrant ainsi la voie au référendum. Mais ce projet de Constitution, en l’état est-il ce qu’il faut pour la Côte d’Ivoire ? Quelles sont les zones sombres de ce projet ?

Projet de  nouvelle Constitution en Côte d’Ivoire : quelques pièges (1/2)

Dans notre précédent billet « Projet de Constitution en Côte d’Ivoire : quelques pièges » , nous relevions quelques pièges suivant une démarche pédagogique. Nous nous sommes évertués à ressortir les différences entre la Constitution de 2000 et le projet de Constitution. D’abord : nous avons ressorti les différences de forme. A ce niveau, il a été question de la structure organisationnelle et des nouveautés du projet de nouvelle Constitution. Ensuite, traitant  des différences de fond, nous avons relevé des points ayant débouché sur quelques interrogations.

Au nombre de ces interrogations sur lesquelles portera notre présent billet, nous avons énuméré entre autres :

  • l’enjeu de la réduction de l’âge minimum
  • l’enjeu lié au saut du verrou lié à la limite d’âge
  • le sort des binationaux, des naturalisés
  • l’opportunité ou non de l’introduction d’une Vice-Présidence

 

L’enjeu lié à la réduction de l’âge minimum

Pourquoi ramener à 35 ans l’âge minimum qui était fixé à 40 ? Considérant notre contexte africain dans lequel jusqu’à 30 ans même parfois (je sais que ce n’est pas la norme) nous n’avons pas encore fini l’université. Et mieux, même après avoir terminé la fac, trouver un boulot décent reste une équation euclidienne.

Supposons même qu’un jeune de trente ans, dans notre contexte africain, fut Directeur général d’une structure très importante. A-t-il déjà acquis la maturité suffisante, nécessaire et indispensable pour occuper la plus haute fonction de l’Etat ? A-t-il déjà passé la fameuse crise de la quarantaine qui fait tout remettre en cause dans son existence ? Gérer une entreprise privée et l’ériger en empire ne suffit pas à réussir au sommet de l’Etat.

Pour finir, il semble évident que cette disposition vise à positionner quelques poulains et s’assurer une immunité à vie.

L’enjeu lié au saut du verrou lié à la limite d’âge : horizon 2020

Quel peut bien être l’enjeu lié au saut de la limite d’âge préalablement fixée à 75 ans (Art 35, Constitution de 200) ? L’enjeu pour nous se situe à deux niveaux : d’abord, l’adoption d’une nouvelle Constitution consacrant une nouvelle République, le Président Ouattara a fait sauter ce verrou pour s’offrir une autre chance de se porter candidat en 2020. Aussi compte-t-il par ce biais offrir à son ami Bedie, une chance de se porter lui aussi candidat. Ou encore, offrir la chance à quelques vieux amis « routiers » l’espoir du perchoir de la République.

Quels problèmes posent le saut du verrou de l’âge limite ?

 

Le saut du verrou de l’âge limite pose quelques problèmes. En effet, non seulement il confisque le pouvoir, mais il pose aussi la question de la santé physique du Président. 

Le problème de la confiscation du pouvoir

Outre l’horizon 2020, le saut de ce verrou lui permettrait d’ouvrir le champ à une confiscation du pouvoir quand on sait que la notion du renouvellement du poste présidentiel dans nos constitutions pose lui aussi le problème de la succession alternative ou successive du pouvoir. Avec l’inexistence d’un âge limite pour accéder au poste de Président de la République en Côte d’Ivoire, il se pose pour nous deux problèmes : d’abord, une manœuvre pour rester au pouvoir à vie. Vue que dans nombre de nos pays, malgré l’existence de ce verrou, les assoiffés de pouvoir arrivent toujours à trouver des lignes dans la Constitution pour justifier des forfaitures et s’en accaparer. Quand on sait aussi que nos constitutions contiennent en leurs seins des failles.

Le problème de l’état physique d’un Président trop âgé

Mais alors, quelle crédibilité accorder à un président qui n’est plus en possession de toutes ses facultés, aptitudes et réflexes tant mentales, intellectuelles que physiques ? Quelle image du pays reflétera un président moribond, qui ne tient plus sur ses jambes ? Il ressort de ce qui précède et des dispositions du projet de Constitution qu’un grabataire ou un moribond soit autorisé à aspirer à la magistrature suprême.

Nous assistons en gros, face au saut de ce verrou à une dilution du poids de la fonction présidentielle, trop jeune, trop vieux.

Tweet de Serge KOUADIO au sujet du vote des députés by @amevi9
Tweet de Serge KOUADIO au sujet du vote des députés by @amevi9

Le sort des binationaux et des naturalisés dans le projet de Constitution

A l’article 55 alinéa 3 du projet de Constitution, il est écrit : « (…) Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ». On comprend donc aisément qu’il s’agit du candidat à la présidence. Mais quel est le sort des binationaux ou des naturalisés ? On peut donc aisément comprendre qu’ils n’ont aucune chance de prétendre un jour accéder à la fonction suprême de l’Etat. Cette disposition de la Constitution, ne résout en rien la question de l’« ivoirité » tant reprochée à la constitution de 2000 dite exclusive d’une frange de la population ivoirienne. Cet article de la nouvelle constitution vient juste en même qu’il règle le problème du ET/OU laisser en suspens d’autres. Notamment le sort des naturalisés et binationaux mais qui pourtant constituait le nœud gordien de la crise de 2002 à 2011 ayant abouti à la déportation du président GBAGBO.

L’opportunité ou non de l’introduction d’une vice-présidence

Pour les observateurs avertis de la scène politique ivoirienne, il parait évident que par cette disposition, le président OUATTARA tient à s’assurer les arrières en positionnant un dauphin, futur héritier légal du trône. Aux termes de l’article 78 « Le vice-Président de la République agit sur délégation du Président de la République », il ressort que le Vice-président n’occupe aucune fonction exécutive mais agit sur simple délégation du pouvoir. Tant que le président n’est donc pas empêché, occupé ou absent, on perçoit mal l’utilité de sa fonction. Mais il trouve alors sa « pseudo place » la fonction de succession de facto du président et dans les lettres de la constitution qui lui confère un titre de chef d’Etat par délégation.

Mais puisque dans les articles consacrés au vice-président il n’est nullement fait cas d’un accident de santé ou d’une éventuelle « cause tragique de disparition » du président, doit-on se retrouver dans ces cas-là face à un vide constitutionnel puisque le président n’aura pas pris préalablement le décret l’autorisant à le suppléer ?

Par ces lignes, nous voulons attirer l’attention sur la menace à la démocratie que constitue ce projet de nouvelle constitution et laisser à chacun le soin de continuer la réflexion sous ses divers angles. Néanmoins, il nous parait encore urgent de rappeler et de signaler :

  • qu’en l’état, ce projet de nouvelle constitution, loin de régler les problèmes existant et de combler les attentes de la population, vient créer sa propre opposition pour le moment pacifique
  • et dresser le lit à d’autres formes de revendications qui, aujourd’hui pacifique pourraient devenir violentes fort de l’expérience du passé.

Eu égard à tout ce qui précède, il faut retenir que le projet de nouvelle constitution voté par, au-delà de sa configuration, est dans son fond, une véritable constitution à polémique. Loin de combler les attentes liées à la constitution de 2000 et régler pour de bon certains problèmes brûlant, il vient à sa manière creuser d’avantage le fossé et ouvrir la brèche à une autre crise latente.

Tweet de Serge KOUADIO au sujet du NON de @yasminaouegnin by @maei9
Tweet de Serge KOUADIO au sujet du NON de @yasminaouegnin by @maevi9

Force est de constater non avec douleur que le parlement loin de renvoyer ADO à sa copie l’a plutôt presque plébiscité. Ce qui se comprend aisément aussi quand on sait que les parlementaires sont conditionnés d’une part et de l’autre l’opposition avec sa politique de la chaise vide aux législatives passées n’a pas visé loin. Mais heureusement qu’il y a encore des symboles du NON comme Yasmina OUEGNIN avec leur clairvoyance.


Projet de Constitution en Côte d’Ivoire : quelques pièges (Partie 1/2)

La Côte d’Ivoire, dans son élan de réformes, sous l’impulsion de l’actuel chef de l’Etat a introduit un projet de Constitution en vue de répondre à certaines questions et régler certaines failles de la Constitution de 2000. En quoi donc ce projet de Constitution diffère de l’ancienne Constitution ? Quelles en sont les innovations et apports significatifs ?

ADO présentant le projet de constitution à l'Assemblée Nationale
ADO présentant le projet de constitution à l’Assemblée Nationale © Politik Afrique.info

Quelles sont les différences entre la Constitution de 2000 et le projet de nouvelle Constitution?

Du point de vue de la forme

La structure organisationnelle.

 

La Constitution de 2000 est composée de 15 titres subdivisés en 133 articles. Le projet de Constitution de 2016 est constitué de 16 titres subdivisés en chapitres, 50 au total. En moyenne 4 chapitres par titre. Chaque chapitre étant scindé en articles, on dénombre au total 184 articles. Soit une augmentation de 51 articles.

Les nouveautés du projet de Constitution

Contrairement à la Constitution de 2000 qui comporte 15 chapitres, on note l’entrée d’un nouveau titre. Ce nouveau titre, le seizième, consacré à la chefferie traditionnelle est dénommé: « DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE ».
Outre cette nouvelle entrée, on note également quelques modifications au niveau de certains titres. Ainsi, on a :

  • d’abord au Titre premier, une inversion de places aux mots « des libertés, des droits et devoirs » qui devient « DES DROITS, DES LIBERTÉS ET DES DEVOIRS ».
  • ensuite, le Titre 3 qui change de dénomination : « DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET DU GOUVERNEMENT » et devient « DU POUVOIR EXÉCUTIF ».
  • puis, le Titre 4 « DU PARLEMENT » devient « DU POUVOIR LÉGISLATIF ».
  • quant à l’intitulé du Titre X « DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL », il devient au titre XI « DU CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL, ENVIRONNEMENTAL ET CULTUREL » qui est divisé en deux chapitres avec deux articles, un article par chapitre.
  • enfin, l’ancien Titre XIII « DE L’ASSOCIATION ET DE LA COOPÉRATION ENTRE ETATS » qui devient au Titre VII « DE L’ASSOCIATION ET DE LA COOPÉRATION ET INTÉGRATION ENTRE ETATS AFRICAINS».

Du point de vue du fond

Dans le fond, il y a beaucoup de modifications et de nouveautés. Cependant, nous allons juste nous attarder sur quelques aspects :

  • l’introduction du poste de vice-présidence,
  • le sort réservé à l’ancien article 35
  • la formule du serment
  • le devenu de l’ancien article 48
  • le titre XIV consacré à la chefferie traditionnelle

L’introduction du poste de vice-président

 

Les dispositions de l’article 40 de l’ancienne Constitution vole en éclat. On assiste à une dissolution du rôle du Président de l’Assemblée nationale au profit du vice-Président selon les clauses de l’article 62 du projet.
A l’article 53 du projet, on lit : « L’Exécutif est composé du Président de la République, du vice-Président de la République et du Gouvernement».

Dans le projet de Constitution, il est dit à l’alinéa 1 de l’article 55 : « Le Président de la République et le vice-Président de la République sont élus au scrutin de liste majoritaire à deux tours. L’élection du Président de la République et du vice-Président de la République est acquise à la majorité absolue des suffrages exprimés. » ensuite à alinéa 3 du même article : « Il choisit un vice-Président de la République, qui est élu en même temps que lui ».

Enfin Il est précisé à l’article 78 que « le Vice-président agit sur délégation du président » et à l’article 80 que « le vice-président supplée le président de la République lorsque celui-ci est absent du territoire ».
Au cas contraire, à quoi sert son poste ? Ne plane-t-il pas l’ombre d’une contradiction sur ces dispositions ?

Le sort réservé à l’ancien article 35

 

L’article 35 de l’ancienne Constitution est quant à lui dilué et réparti entre les articles 54, 55, 56 voire 57 du projet avec beaucoup d’éléments laissés de côté. Avec, notamment :

  • l’âge minimum est passé de 40 ans à 35 ans (au moins) avec cette fois-ci absence de limite d’âge d’accession au poste de Président, qui était préalablement fixé à 75 ans maximum, puis,
  • La formule de la nationalité: « Il doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité » passe à « Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ». Ensuite,
  • Les points liés à la territorialité, à la résidence du futur président : « Il doit avoir résidé en Côte d’Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections et avoir totalisé dix ans de présence effective (…).» est exclu dans le projet. Et enfin,
  • Le point lié à l’état de santé du Président « Le candidat à la Présidence de la République doit présenter un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins désignés par le Conseil constitutionnel sur une liste proposée par le Conseil de l’Ordre des Médecins. Ces trois médecins doivent prêter serment devant le Conseil constitutionnel » a été laissé de côté.
ADO en compagnie de SORO à l'Assemblée pour présenter le projet de nouvelle constitution ©
ADO en compagnie de SORO à l’Assemblée pour présenter le projet de nouvelle constitution © Yefien Coulibaly

Quelques interrogations

 

Toutefois, ces différents points suscitent certaines interrogations.
Quel est donc l’enjeu lié au saut du verrou lié à la limite d’âge ? La présidence en côte d’Ivoire serait devenue un poste à vie ou accessible à tout âge ?

Quel est donc le sort des binationaux, des naturalisés ? La question de la nationalité n’est donc pas totalement résolue et sera donc toujours objet de toutes les polémiques ?

Enfin, de ce qui précède, et en considération des dispositions du projet, doit-on retenir que n’importe qui, résidant n’importe où, soit-il juste âgé d’au moins 35 ans, jouissant de ses droits et fut-il ivoirien né de père ou de mère ivoirien d’origine, grabataire soit-il, est autorisé à aspirer à la magistrature suprême ?

La formule du serment

A l’article 39 alinéa 2 de l’ancienne Constitution, on peut lire: « (..), de protéger les Droits et Libertés des citoyens, (…)». Cette formule change à l’alinéa 3 de l’article 58 et enregistre l’entrée de nouveaux éléments comme : « (..), d’incarner l’unité nationale, d’assurer la continuité de l’Etat et de défendre son intégrité territoriale, de protéger les Droits et Libertés des citoyens, (…) ».

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BEDIE accueilli à l’Assemblée par le PAN SORO © Yefien Coulibaly

Le devenu de l’ancien article 48

 

L’article 48 est repris dans son intégralité à l’article 73 du projet, à quelque chose près :

  • La consultation du Président du Sénat en plus de Président de l’Assemblée Nationale et du Président du Conseil constitutionnel
  • L’ajout d’une dernière phrase : « La fin de la crise est constatée par un message du Président de la République à la Nation. »

De la chefferie traditionnelle

 

Il est dit à l’article 175 : « (…) La chefferie traditionnelle est représentée par la Chambre nationale des Rois et Chefs traditionnels. (…)». Mais plus haut, dans le préambule, nous lisons : « (…) Conscient de sa diversité ethnique, culturelle et religieuse, et désireux de bâtir une nation unie solidaire et prospère, (…)».

Considérant cette diversité ethnique, culturelle et religieuse, et instituant la chefferie traditionnelle comme une institution constitutionnelle, n’est-on pas en train de léser ou en train de violer le droit et la liberté d’une frange de la population qui, au nom de sa conviction religieuse ne se reconnaîtrait pas dans l’autorité des chefs dit traditionnels ?

Sans avoir la prétention de cerner tous les contours et motivations de ce projet de Constitution, nous nous permettons de dire que, voulant régler un certain nombre de problèmes, s’il est adopté en l’état, il porte en lui les germes d’une crise plus profonde que celle à laquelle il est appelé à pallier.

Mon humble avis d’Africain et de citoyen nouveau.


La technologie au service du Bien Social

« Se connecter aujourd’hui, créer demain » est le thème retenu pour la 7ème édition du Sommet pour le Bien Social qui s’est tenue le lundi 19 Septembre 2016 à l’hôtel Azalaï de Cotonou en prélude à l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Un Sommet pour le Bien Social, pourquoi ?
Visuel officiel du Sommet pour le Bien Social 2016 au Bénin
Visuel Officiel du Sommet pour le Bien Social 2016 au Bénin @PNUDBenin

Le Sommet pour le bien social est une conférence annuelle organisée pour examiner l’impact de la technologie et des nouveaux médias sur les bonnes initiatives sociales dans le monde. Il est une initiative conjointe du PNUD, de Mashable, du 92nd Street Y et de la Fondation des Nations Unies. Il a vu le jour à New York en 2009. Ce sommet s’inscrit dans le cadre de l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030. Par ce sommet, les initiateurs tentent de passer en revue les 17 objectifs et réfléchissent aux moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

Ainsi, pour cette septième édition du Sommet pour le Bien Social, spécialistes des médias, cadres du ministère de la communication et de l’économie numérique, blogueurs,  jeunes parlementaires et acteurs des TIC se sont réunis autour du thème « Se connecter aujourd’hui, créer demain ». Ils ont réfléchi ensemble afin de faire des propositions concrètes sur la contribution des TIC  et des médias sociaux dans l’atteinte des ODD. Trois communications ont meublé la cérémonie et préparé les participants aux discussions en groupe après l’allocution du représentant résidant adjoint.

Allocution du Représentant Résident Adjoint du PNUD
M. Gilbert POUMANGUE, Représentant Résident Adjoint du PNUD
Monsieur Gilbert POUMANGUE, Représentant Résident du PNUD lors de son allocution

 

 

Dans son allocution, Monsieur Gilbert POUMANGUE, Représentant Résident Adjoint du PNUD au Bénin, après avoir rappelé le contexte d’adoption des 17 ODD, a d’abord salué la jeunesse fortement représentée et de lui rappeler que l’atteinte des OOD au Bénin d’ici 2030 dépendra de son implication active et efficace. Il a  ensuite salué « l’engagement du Gouvernement béninois, qui a présenté le 1er Septembre dernier sa feuille de route pour la mise en œuvre des ODD au Bénin ». Enfin, il a exhorté les participants à « s’engager et à se joindre aux efforts déployés au niveau mondial et national en vue de la mise en œuvre des ODD» avant de laisser place aux communications.

ODD : contenu et indicateurs
une présentation de Mme GInette
17 ODD: Contenu et objectif. Extrait de la présentation de Mme Ginette par @amevi9

À sa suite, la conseillère économique du PNUD, Mme Ginette MONDONGOU Camara, a présenté la communication qui a pour thème « les ODD : contenu et indicateurs ». Dans son introduction, elle rappelé que « Les ODD constituent le nouveau cadre mondial de planification et de redevabilité des politiques publiques de développement aux niveaux mondial et national ».

Selon la communicatrice, les ODD reprennent les objectifs 1 à 5 non achevés des OMD ce qui fait des ODD une continuité plus englobante des OMD. Les Objectifs 6 à 11 regroupent les nouveaux domaines tels que l’eau, l’énergie, et bien d’autres. Quant aux objectifs 12 à 15, ils relèvent du domaine des actions à mener pour la planète. En outre, les objectifs 15 à 17 correspondent aux objectifs mondiaux que sont la paix, la justice, des institutions efficaces et des partenariats à nouer pour l’atteinte des ODD.

Au titre des spécificités, elle a d’abord énuméré : l’universalité et ensuite la nécessité d’une approche intégrée des politiques. Cependant, elle a relevé des risques liés à la mise en œuvre des ODD au Bénin. Enfin, elle a fait des recommandations et d’inviter les uns et les autres à jouer leur partition dans l’atteinte des ODD.

ODD : mise en œuvre et contribution attendue de la jeunesse
ODD: MIse en oeuvre et contribution attendue de la jeunesse
Extrait de la présentation de M. Alastaire ALINSATO par @amevi9

« ODD : mise en œuvre et contribution attendue de la jeunesse » a été le thème de la seconde communication présentée par M. Alastaire ALINSATO, de la Direction Générale de la coordination et du suivi des ODD. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre des ODD au Bénin, M. Alastaire a relevé des contextes favorables. On peut citer l’avènement d’un nouveau régime, l’arrivée à échéance des documents de planification et de programmation du développement ainsi que l’expérience acquise des OMD. Toutefois, il existe des menaces.

Quant aux menaces, il a relevé le faible système d’information statistique, les contraintes budgétaires, l’asymétrie de priorités entre les partenaires, les ODD et le Gouvernement. Il a ensuite présenté l’architecture d’intégration des ODD dans la vision du Bénin à l’horizon 2040 avec des évaluations décanales. En ce qui concerne la contribution des jeunes, il a mis l’accent sur la mise en œuvre, le suivi et la redevabilité pour les jeunes avant de conclure que les ODD sont plus tournés vers les jeunes.

Contribution de la technologie à la mise en œuvre des ODD
Contribution de la technologie à la mise en oeuvre des ODD
Extrait de la présentation de M. @gilleskounou par @amevi9

La dernière communication de Gilles KOUNOU, consultant en innovation digitale et transformation numérique est axée sur la « contribution de la technologie à la mise en œuvre des ODD ». Dans une riche présentation, il a fait l’état des lieux des TIC de nos jours ensuite de poser la question de savoir jusqu’où pouvons-nous aller grâce aux TIC. Si pour le lui, les ODD définissent un Framework structurant, alors, avec les cinq capacités du numérique à savoir : connecter, capter de la donnée, le langage & OS, le web et la computation, il est dinc bien possible d’atteindre les ODD grâce aux TIC.

Travaux de groupe et séance de restitution
Sommet pour le Bien Social
Les participants en groupe de travail suivi des restitutions. crédits photos Femi IDOHOU/ @PNUDBenin

Au terme de ces présentations, cinq groupes de travail ont été mis en place au sein desquels les participants ont eu à réfléchir sur les apports significatifs de la technologie dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’éducation, des changements climatiques, de la production afin d’aboutir à des propositions fiables et viables, réalistes et réalisables pour l’atteinte des ODD.
En somme, ce sommet qui a réuni professionnel des médias, cadres du ministère de la communication et de l’économie numérique, jeunes parlementaires et blogueurs a été un véritable creuset de réflexion, de partage et d’échange pour le rayonnement de notre nation et pour un monde meilleur.